Catalogue Raisonné aux Confluents de l’Orient et de l’Occident

Introduction

André Maire est un artiste français dont la carrière, marquée par les voyages et une curiosité insatiable pour les cultures lointaines, a produit une œuvre riche et méconnue. À mi-chemin entre tradition académique et modernité, son style se distingue par une synthèse des arts européens et asiatiques, nourrie par des décennies d’explorations en Indochine, en Afrique, et en Méditerranée. Ce texte retrace sa vie, analyse son style, et explore l’héritage d’un peintre qui a su capturer l’essence des mondes qu’il a traversés.
 

I. Formation et Influences (1898–1920)
 

1. Jeunesse et apprentissage

Né à Paris en 1898, André Maire grandit dans un milieu modeste mais montre très tôt un talent pour le dessin. Il entre à l’École de dessin de la place des Vosges, où il rencontre Émile Bernard, ancien compagnon de Gauguin et figure majeure du symbolisme. Bernard devient son mentor et l’initie à une approche synthétique de la couleur et de la composition.

2. Les Beaux-Arts et la Grande Guerre

En 1915, il intègre l’École nationale supérieure des beaux-arts de Paris, fréquentant l’atelier d’André Devambez. La guerre interrompt ses études : mobilisé en 1918, il est envoyé en Indochine française (Vietnam actuel), où il enseigne le dessin à Saïgon. Ce premier contact avec l’Asie est une révélation.

3. La Découverte d’Angkor (1919)

Affecté à la surveillance des monuments khmers, il explore Angkor, alors peu connu des artistes occidentaux. Ses croquis des temples, mêlant rigueur architecturale et atmosphère mystique, préfigurent son style futur.
 

II. L’Italie, l’Héritage de Bernard et les Années Méditerranéennes (1920–1930)
 

1. Mariage et Installation à Venise

De retour en France en 1920, il épouse Irène, fille d’Émile Bernard, consolidant son lien avec l’avant-garde post-impressionniste. Le couple s’installe à Venise en 1922, où Maire ouvre une galerie. La ville, avec ses canaux et ses lumières changeantes, inspire une série d’aquarelles aux couleurs subtiles.

2. L’Influence de Bernard et le Synthétisme

Sous l’influence de son beau-père, Maire adopte un style synthétique, simplifiant les formes sans renoncer au réalisme. Ses œuvres vénitiennes, comme Le Grand Canal (1925), montrent des aplats de couleur cernés de noir, évoquant les estampes japonaises.

3. Premiers Voyages en Afrique du Nord (1928–1930)

Attiré par l’exotisme, il se rend en Égypte et en Tunisie, où il dessine des paysages désertiques et des scènes de marché. Ces travaux, souvent à la sépia, révèlent son goût pour les contrastes lumineux.
 

III. L’Explorateur : de l’Espagne à l’Indochine (1930–1958)
 

1. La Casa de Velázquez et l’Espagne (1932–1933)

Boursier de la prestigieuse Casa de Velázquez à Madrid, il étudie les maîtres espagnols (Velázquez, Goya) et peint des scènes flamencas, où la gestuelle des danseurs est saisie avec vivacité.

2. Retour en Indochine (1948–1958)

Nommé professeur à l’École des beaux-arts de Hanoï, il redécouvre l’Asie. Ses aquarelles du delta du Mékong ou des montagnes du Tonkin fusionnent techniques occidentales et sensibilité asiatique. Il est fasciné par les rites bouddhiques, qu’il représente dans des compositions épurées.

3. L’Afrique (1950–1960)

En mission ethnographique, il parcourt le Mali, la Côte d’Ivoire et le Sénégal. Ses portraits de Dogons ou ses scènes de pêche à Saint-Louis montrent une attention ethnographique rare chez les peintres de l’époque.
 

IV. Style et Techniques : Entre Classicisme et Modernité
 

1. Un Dessinateur Hors Pair

Maire excelle dans le fusain et la sépia, avec un trait précis mais jamais rigide. Ses croquis d’Angkor (1919) ou de Venise (1925) témoignent d’une maîtrise exceptionnelle du clair-obscur.

2. Couleur et Composition

Ses huiles et aquarelles utilisent des palettes sourdes (ocres, verts profonds), rappelant les fresques méditerranéennes. Dans Marché à Bamako (1952), les formes sont stylisées à la manière de l’Art Déco, tout en conservant une vitalité narrative.

3. Thématiques Récurrentes

• Architectures sacrées (temples khmers, mosquées maliennes)

• Scènes de vie quotidienne (marchés, pêcheurs)

• Portraits ethniques, toujours respectueux et dépourvus d’exotisme caricatural.
   

V. Postérité et Reconnaissance
 

1. Expositions et Musées

Ses œuvres sont conservées au musée Guimet (Paris), au Quai Branly, et dans des collections privées. Une rétrospective au musée La Piscine (Roubaix, 2009) a relancé l’intérêt pour son travail.

2. Le Marché de l’Art

Ses dessins s’échangent entre 500 € et 20 000 €, selon la période et la technique. Une huile d’Angkor a atteint 45 000 € en 2018.

3. Un Artiste à Redécouvrir

André Maire reste moins célèbre que Matisse ou Delacroix, cependant son approche transculturelle préfigure l’art globalisé d’aujourd’hui.

Note : Nous enrichissons actuellement le site avec des œuvres. Ce processus de numérisation et de documentation est en cours. Nous vous invitons à revenir régulièrement pour découvrir la galerie complète des œuvres d'André Maire.